BÉNIN - 1 février 2006 - AFP |
Des heurts entre jeunes Béninois et Nigérians ont fait plusieurs morts depuis lundi et entraîné la destruction d'une dizaine de véhicules à la frontière entre le Bénin et le Nigeria. |
Le bilan de ces affrontements, de même que les circonstances, diffèrent d'un côté et de l'autre de la frontière.
En raison de ces incidents, le trafic à Sèmè Kraké, un poste frontière important entre le Bénin et le Nigeria, situé à 35 km à l'est de Cotonou, la capitale économique béninoise, est perturbé.
Lundi soir, plusieurs jeunes armés de gourdins et de pierres faisaient des battues pour retrouver des Nigérians du côté béninois de la frontière.
Un correspondant de l'AFP a vu deux cadavres d'hommes, dont un brûlé par des pneus, et l'autre dont la tête a été fendue.
Il a dénombré au moins sept véhicules privés qui avaient été incendiés, d'autres vandalisés.
Le ministre béninois de l'Intérieur, Mama Sika, a annoncé à l'AFP lors d'un entretien téléphonique que ses services ont "décompté quatre morts et plusieurs blessés graves".
Selon lui, "les échauffourées ont commencé lorsqu'un bandit nigérian a été arrêté par la gendarmerie béninoise pour le sauver d'une vindicte populaire, alors d'autres bandits à la frontière s'en sont mêlés, semant le trouble, ce qui a occasionné la fermeture de la frontière du côté nigérian".
"Ce sont donc des délinquants qui ont pris à parti les installations de la gendarmerie béninoise saccageant au passage un ancien local de la douane", a expliqué Mama Sika.
"Nous appelons les jeunes à rentrer chez eux et à observer le calme, tout en vaquant normalement à leurs occupations, ce n'est pas aux populations de se faire justice", a-t-il conclu.
Côté nigérian, le porte-parole de la police fédérale, Haz Iwendi, a déclaré à l'AFP qu'"une seule personne est décédée au cours de cet incident, un Nigérian, probablement un contrebandier".
"Il est passé de l'autre côté de la frontière et a été poursuivi par les gendarmes béninois. Il y a eu une dispute et une confrontation. Il a été abattus par les gendarmes béninois, ce qui a énervé les agents des forces de sécurité nigérians", a-t-il ajouté.
M. Iwendi a par ailleurs précisé que l'attaché militaire nigérian à Cotonou ainsi des agents de police s'était rendus sur les lieux.
"La situation est calme, et il n'y a plus de raisons de s'inquiéter", a-t-il conclu.
La presse nigériane évoquait mardi matin une dizaine de morts au cours de cet affrontement et une soixantaine de véhicules incendiés.
"Tout a commencé dimanche soir, alors que des Nigérians sont arrivés à la brigade de gendarmerie béninoise pour réclamer la libération d'un des leurs", a déclaré Abdul Machioudi, un habitant béninois de Kraké témoin des échauffourées.
Selon lui l'homme avait été "mis en garde à vue et face au refus des gendarmes de libérer le Nigérian, ils ont commencé à tout casser, tuant sur le coup cinq Béninois et détruisant des véhicules".
"C'est après cela que les jeunes Béninois sont sortis et ont commencé à se faire justice eux-mêmes", a-t-il conclu.
Mardi matin, le trafic entre le Bénin et le Nigeria avait timidement repris, les étals installés d'habitude le long de la frontière n'étaient pas encore tous installés.
Selon un gendarme béninois de la brigade de Sème, les incursions des Nigérians à la brigade pour réclamer la libération de leurs compatriotes sont fréquentes.
Commentaires