KADUNA (AFP) - La grippe aviaire se
propage "à toute vitesse" dans les fermes du nord du Nigeria, où le premier foyer
africain du virus H5N1 de la grippe aviaire a été décelé, a déclaré jeudi un
responsable agricole.
Identifié au début de la semaine comme du "choléra
aviaire", l'épidémie s'est rapidement propagée dans les fermes de l'Etat de Kano
(nord) où l'on dénombre des milliers de poulets morts, a indiqué le secrétaire
de l'Associations des éleveurs de volailles de l'Etat de Kano, M. Auwalu Haruna.
Le Nigeria a annoncé
mercredi que le premier cas confirmé en Afrique du virus H5N1 de la grippe aviaire avait été décelé dans
une ferme du village de Jaji, dans l'Etat de Kaduna, à 300 km au nord d'Abuja.
L'épidémie "se propage à toute vitesse" dans l'Etat de Kano, a indiqué M. Haruna
jeudi matin. "Nous avons aujourd'hui 20.000 bêtes infectées, ce qui porte le
nombre de bêtes atteintes par la maladie à 80.000. Ce qui aggrave la sitation
est le déplacement des bêtes atteintes et les efforts pour minimiser les
pertes", a-t-il ajouté.
La souche hautement pathogène du virus aviaire est
apparue le 10 janvier dans une ferme du village de Jaji (Etat de Kaduna), a
indiqué mercredi le ministre nigérian de l'Agriculture Adamu
Bello. Les 46.000 poules, oies et autruches que comptait l'élevage ont été tuées
par le virus ou abattues. Les autorités nigérianes, a précisé M. Bello, vont
immédiatement prendre des mesures d'abattage systématique de la volaille, de
mise en quarantaine de la zone et de contrôle des transports d'animaux dans le
pays.
A Paris, l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), que le Nigeria avait "officiellement
informé", a confirmé qu'"il s'agit du premier foyer" du virus H5N1 sur le continent africain. Le virus de
Jaji a été identifié par un laboratoire de référence à Padoue (Italie) comme étant une souche
hautement pathogène du H5N1 présentant les mêmes caractéristiques génétiques que
la souche turque, elle-même très proche de celle du lac chinois de Qing Hai,
foyer d'origine de l'épizootie.
"Le foyer apparu dans l'Etat de Kaduna, au nord du Nigeria, montre, d'une part
qu'aucun pays n'est à l'abri du H5N1 et,
d'autre part, que nous sommes confrontés à une grave crise internationale", a
déclaré dans un communiqué Samuel Jutzi, Directeur de la Division santé et
production animales à la FAO, agence des Nations unies pour l'alimentation
et l'agriculture.
Les experts craignaient depuis des mois une éruption d'influenza aviaire
en Afrique. "A chaque fois
que le H5N1 est découvert chez des animaux,
cela présente un risque pour l'homme, car c'est une maladie qui peut sauter la
barrière des espèces", a déclaré à Genève la porte-parole de l'Organisation
mondiale de la Santé, Maria Cheng.
Depuis que le virus est réapparu en 2003 en Asie, 165 cas humains ont été confirmés, dont 88
mortels. La transmission s'est toujours faite de l'animal à l'homme, surtout
dans des milieux ruraux où une certaine promiscuité avec les animaux la
favorise. Mais le risque est que ce virus mute et devienne transmissible d'homme
à homme.
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