Les experts mondiaux de la grippe aviaire réclament des mesures urgentes pour enrayer la propagation du dangereux virus H5N1, qui a fait deux nouveaux morts et menace désormais l'Europe de l'ouest via la Turquie.
Du Luxembourg, de Tokyo, de Kuala Lumpur ou de New York, les spécialistes ont lancé jeudi des appels à l'action et surtout aux fonds internationaux, nécessaires pour empêcher l'épizootie de grippe aviaire et les cas de transmission du virus de l'animal à l'homme.Ces appels coïncident avec la détection jeudi du virus H5N1 chez deux personnes décédées, l'une en Turquie, l'autre en Indonésie.
Les tests pratiqués après la mort à Van (est de la Turquie) d'une fillette le 6 janvier ont confirmé que le virus était bien à l'origine de son décès. Deux de ses frères et soeurs, habitant à Dogubeyazit, ont été les deux premières victimes du virus en Turquie.
Cela porte à 18 (dont 3 morts) le bilan des personnes infectées par le virus en Turquie depuis la fin décembre.Une femme de 29 ans est décédée jeudi dans un hôpital de Jakarta. La jeune femme avait contracté le virus de la grippe du poulet au contact de volailles mortes, selon les résultats de tests locaux.
La grippe aviaire a été officiellement à l'origine de onze décès en Indonésie et de probablement davantage au vu de la collecte déficiente des données de santé publique au sein des six mille îles habitées de l'archipel.
Ces deux nouvelles victimes portent le bilan officiel des morts à 80 depuis l'apparition du virus en 2003. La Chine avait annoncé la veille le décès de deux personnes infectées par la grippe aviaire, le nombre total des décès dans ce pays étant désormais de cinq.
La situation en Turquie (devenue avec trois morts le premier pays touché par la forme humaine de la maladie en dehors de l'Asie) inquiète ses voisins.L'Iran a ainsi décidé jeudi d'abattre plus de 50.000 volailles dans la région bordant la frontière avec la Turquie. L'Iran n'est pas touché pour l'instant par le virus.
Les experts de l'Union européenne devaient pour leur part réexaminer jeudi à Luxembourg l'état de préparation des 25 en cas de pandémie humaine de grippe d'origine aviaire, face à la propagation de la maladie en Turquie.
Les spécialistes en épidémiologie humaine des 25 doivent se pencher sur les mesures de surveillance et de protection en place dans les Etats membres et la possibilité, évoquée depuis plusieurs mois déjà, de mettre en place un stock européen d'antiviraux, a indiqué la Commission européenne.
Des représentants de 21 pays se réunissaient en outre jeudi à Tokyo sous l'égide de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour également discuter des mesures à prendre en cas d'éventuelle pandémie humaine. Jusqu'à présent, les infections humaines sont uniquement dues à un contact étroit avec des volailles malades.
Comme le montrent les nouveaux cas humains en Turquie, la situation empire chaque mois et la menace d'une pandémie de grippe s'accroît de jour en jour, a estimé lors des débats le directeur de l'OMS pour le Pacifique ouest, Shigeru Omi.Les services sanitaires doivent accélérer les tests de détection de la grippe aviaire et les gouvernements stocker des médicaments pour limiter les conséquences d'une éventuelle pandémie, ont insisté les experts internationaux réunis à Tokyo.
Une autre conférence internationale doit réunir à Pékin, les 17 et 18 janvier, des donateurs potentiels comme la Banque mondiale, la Banque asiatique de développement (BAD), les Etats-Unis, l'Union européenne et le Japon.
L'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) a besoin d'urgence de 95 millions de dollars pour mettre en place un plan de lutte régional, a indiqué jeudi un responsable malaisien, à quelques jours de cette conférence.La maladie a plus de deux ans au sein de l'Asean. Dans certains pays, elle n'a pas encore été maîtrisée, s'est inquiété Aziz Mangkat, directeur général adjoint des Services vétérinaires de Malaisie.
A New York, le haut responsable de l'Onu chargé de coordonner la lutte contre la grippe aviaire a appelé pour sa part les pays donateurs à verser environ 1,5 milliard de dollars pour cette cause, à l'occasion de la conférence de Pékin.Nous considérons ce chiffre comme un début, a déclaré le coordinateur de l'Onu David Nabarro, Je n'imagine pas un instant que le montant dont nous allons parler à Pékin puisse suffire, a-t-il ajouté.
(avec AFP)
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